Un enfant regarde un plan d'eau à l'entrée d'une grotte
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Test : plongée archéologique fluviale

Connaissez-vous la plongée archéologique fluviale ?

Début 2017, j’ai eu la chance de rencontrer Marc Jasinski. Pionnier de la plongée archéologique fluviale, Marc est aussi le fondateur du CRAF (Centre de Recherches Archéologiques Fluviales). Mais aussi, l’auteur de livres qui ont inspirés plus d’un plongeur.

Lors de cette rencontre, Marc m’a tout de suite donné l’envie de découvrir cette discipline très particulière de plongée archéologique subaquatique.

Dès lors, je me suis faite membre du CRAF. J’ai alors commencé à me renseigner sur cette activité qui utilise la plongée non pas comme moyen d’explorer les mers et océans comme j’ai l’habitude de le faire mais comme un outil de recherche scientifique.

Cela pour apporter plus de compréhension sur les différentes époques de notre histoire.

En archéologie fluviale, les plongeurs et plongeuses ne plongent pas, ils/elles travaillent !

Et cette notion fait toute la différence avec ma pratique habituelle de plongée orientée vers le loisir.

Le jour ou j’ai enfin testé ce type de plongée

Août 2017, nous y sommes, je vais pouvoir vivre cette expérience particulière et unique de plongée archéologique.

Nous sommes attendus Didier et moi-même pour un briefing à 9h00 précise au quartier général du CRAF. Il se trouve à la sortie des grottes de Han-Sur-Lesse. Là où la Lesse ressort à l’air libre après son passage sous terre.

C’est à cet endroit qu’ont commencé les premières découvertes d’archéologies fluviales de Marc. C’était en 1963. Et depuis, les chantiers se succèdent.

Adrien, le plus jeune de nos enfants nous accompagne. Il semble pressé de pouvoir participer à sa manière à cette expérience de plongée archéologique fluviale peu commune, à la rencontre de l’histoire.

Une organisation précise et bien rodée

Christophe Dalaere, le président actuel du CRAF, archéologue reconnu notamment pour ses importants travaux en Bolivie et chercheur à l’Université Libre de Bruxelles, nous fait un accueil chaleureux (c’est le moins qu’on puisse dire 🙂 ) avant de briefer son équipe de chercheurs.

Comme c’est notre première journée sur ce chantier de plongée archéologique fluviale, il nous propose d’écouter et de nous faire un briefing plus complet à  la suite.

D’emblée j’aime les croquis, plans, dessins et autres explications toutes consignées dans un grand carnet. C’est que, avec l’archéologie fluviale, nous rentrons dans une véritable démarche scientifique en participant à ce chantier d’archéologie fluviale.

Ici c’est du sérieux et rien n’est laissé au hasard.

© CRAF

La feuille de palanquée se remplit. Les binômes se succèderont toute la journée sur le lieu de fouille quelques mètres plus bas.

Comme c’est une nouvelle expérience pour moi, je plongerai (nuance, je travaillerai) avec Philippe. Mon binôme du jour est un plongeur très expérimenté (normal, c’était son métier).

Mon rendez-vous sous l’eau avec le chantier de plongée archéologique fluviale est prévu à 14h30.

En attendant, d’autres activités sont au programme avec l’utilisation de matériel d’archéologie fluviale. Celui-ci est très différent du matériel de plongée habituel.

L’air-lift nécessaire pour extraire de la matière au fond du plan d’eau et la ramener en surface pour la trier.

La girafe sert à remonter les paniers contenant les pierres de taille moyenne.

Le palan aide à déplacer des pierres de plusieurs centaines de kilos.

Les tamis sont utiles pour analyser minutieusement la matière recueillie grâce à l’air-lift.

Enfin reste les outils de base: les seaux et les radeaux.

Je me promène, j’observe, j’apprends, …

Robert m’explique sa passion pour l’archéologie fluviale pendant que ses mains et ses yeux experts traquent l’éventuelle présence de vestige historique dans les tamis.

Valérie me conte son expérience de plongeuse professionnelle et son amour pour l’archéologie fluviale.

Les étudiantes en archéologie initient Adrien au maniement de la girafe. Didier patiente en lisant le journal pendant que Christophe coordonne tout ce petit monde dans une ambiance chaleureuse et sympathique. Le tout, sous l’œil curieux des touristes qui sortent de leur visite des grottes de Han et nous observent de l’autre berge.

On sent bien que chacun attend de voir remonter un indice, un vestige, une trace du passé. On note les paramètres, on discute, on mange un bout… et la journée s’écoule.

Alors que la récolte semble maigre ce jour-là, deux plongeurs trouvent une chaussure d’enfant en cuir enfouie là depuis plus de 300 ans !

C’est bientôt mon tour, je m’équipe en combinaison étanche (l’eau n’est qu’à 15°C et on prévoit de rester immergés une heure). Ensuite, je règle mon appareil photo, … Me voilà prête pour cette expérience de plongée archéologique fluviale.

Vu que je plonge avec un initié qui a comme objectif de faire avancer un maximum le chantier, Christophe me donne comme mission de faire des photos. Et, si je le souhaite d’explorer la zone de recherche.

Il me signale que la visibilité est particulièrement bonne aujourd’hui. Chouette !

Comme je suis impatiente, je m’équipe (bien trop vite), j’arrive prête au bord de l’eau (bien trop tôt) et j’attends mon tour (bien trop longtemps).

Prête pour la plongée archéologique fluviale

L’immersion dans la plongée archéologique

Le moment venu, nous nous immergeons et rejoignions la zone de fouille à +/- 3m de fond.

D’emblée Philippe se met au travail et je l’observe. Ses gestes sont précis et réguliers. Avec une truelle il pousse « la matière » à l’intérieur de l’air-lift et dépose les plus grosses pierres dans les paniers qui seront remontés avec la girafe.

Je me contente d’observer Philippe, de comprendre le maniement de l’air-lift et de saisir la technique. Je vois bien qu’il est inutile de le freiner en essayant de dégager la zone avec lui.

Alors, je contourne le lieu de fouille. Je fais quelques photos. J’observe la typologie du lieu. Enfin, je me laisse surprendre par des perches et quelques truites curieuses…

Le tout en faisant très attention de ne pas soulever de sédiments en palmant. Cela, pour ne pas gêner mon binôme qui travaille à quelques mètres de moi.

Exploration

J’explore ce début de grotte avec beaucoup d’émerveillement et d’émotion pour l’histoire, notre histoire. Mais aussi pour le travail de recherche de ces passionné·e·s qui se succèdent avec cœur sur le chantier depuis plus de 50 ans.

J’ai une petite pensée pour Marc Jasinski qui nous attend en surface et pour qui ce chantier de plongée archéologique fluviale compte tellement.

Je fais quelques photos et mini films mais la visibilité, même si elle est décrite comme particulièrement bonne, n’a rien à voir avec celle de mes lieux de plongée habituels.

Aussi, je choisis alors de me concentrer sur l’expérience. Ici, chaque objet ou matériau est potentiellement un vestige de notre histoire. Et lorsque je vois un morceau de bois c’est en réalité un pieu plusieurs fois centenaire !

Tout en me laissant ressentir l’ambiance et les sensations de cette plongée vraiment pas comme les autres, mon regard est soudain attiré par un petit objet juste au-delà de la zone de fouille.

Chance de la débutante en plongée archéologique fluviale et grand plaisir pour moi, je remonterai, comme un trophée, ce morceau de pot en terre cuite vieux de plusieurs centaines d’années.

C’est déjà la fin de la journée. Avec une efficacité redoutable, nous remontons et rangeons le matériel. Cela, avant de laisser pour toute la nuit le calme revenir sur le plan d’eau.

Après un bel au-revoir et une dernière photo avec mon binôme de plongée, nous repartons heureux et ravis de cette nouvelle expérience de plongée.

Remplis de gratitude envers Robert, Valérie, Chloé, Daniel, Michael, Philippe, Aliocha, Céline, Christophe, Marc et les autres… Mais peu nous importe, nous reviendrons 🙂

Alors finalement, la plongée archéologique fluviale c’est quoi ?

Dans l’archéologie fluviale, il n’y a pas de coraux ni de galions engloutis mais seulement des vestiges de notre histoire (poterie, monnaie, objet en cuir, …), des eaux peu profondes et plutôt troubles et quelques poissons de rivière (perches, truites, brochets, …) évoluant au milieu de pierres, morceaux de bois et petites plantes.

La plongée archéologique fluviale est une activité scientifique aquatique qui demande beaucoup de rigueur, beaucoup de travail et énormément d’engagement et de passion pour l’histoire.

Cette activité utilise la plongée comme un outil et non pas comme une activité en soi.

Si vous n’avez pas d’intérêt pour l’histoire et l’archéologie en général, mieux vaut passer votre chemin et vous faire plaisir dans d’autres expériences de plongée.

Mais si les vestiges des temps passés vous passionnent, n’hésitez pas un seul instant à donner de votre temps et de votre expertise pour cette activité d’archéologie fluviale si particulière.

Vous voulez en apprendre plus sur ce type de plongée?

Aussi incroyable que cela puisse paraitre, il y a très certainement un chantier de plongée archéologique subaquatique proche de chez vous. Si comme moi vous souhaitez vivre cette expérience de plongée hors du commun ou tout simplement en apprendre plus sur le sujet, je vous conseille de suivre ces liens :

Le CRAF (Belgique), le CNA (France), le FSSS (Suisse), le Parcs (Canada), … Ou d’écouter en podcast les spécialistes de l’archéologie fluviale vous expliquer en profondeur les spécificités de cette activité très particulière via cet interview

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Bonnes bulles et n’oubliez pas d’être heureux 🙂

Hélène

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